Outre la présence des maires et élus des villes de Soria, Madrid, Avilés, Santander, Séville, La Corogne, Murcie, Aranjuez, Terrassa, Nigrán, Granollers, Palencia, Trujillo, Benavites, Legazpi, les Provinces de Soria, Cordoue et Barcelone, le réseau de Cités et Gouvernements Locaux Unis (CGLU), la Fédération espagnole des Municipalités et Provinces (FEMP), et le Conseil de l'Europe se sont réunies à Soria, à l’invitation du maire et vice-président de CGLU, Carlos Martinez. Le gouvernement espagnol a également assisté pendant les trois jours représenté par Meritxell Batet ministre de la Politique territoriale et de la Fonction publique, José Guirao, ministre de la Culture et Reyes Maroto, ministre de l'Industrie et du Commerce.
Au delà de la forte représentation du niveau national espagnol, l'événement a connu une forte participation internationale, avec la présence des maires des villes de Chefchaouen, Valongo, Sindelfingen, Nil et Nikki, ainsi que celle du ministre du Plan, de l'Urbanisme et du Logement du Maroc, Abdelahad Fassi Fihri, qui a montré la reconnaissance croissante du rôle des villes intermédiaires comme partie intégrante du développement territorial.
"La protection des villes intermédiaires est la clé de la cohésion et de l'équilibre, et c'est à partir de ces villes que nous pourrons commencer le repeuplement des zones moins peuplées " Meritxell Batet, Ministre de la politique territoriale et de la fonction publique, Gouvernement espagnol
Nous sommes conscients que l'Europe doit marcher sur l'Europe, que l'Europe c'est la citoyenneté, les territoires, toutes les villes. C'est pourquoi nous sommes réunis ici aujourd'hui, devant la nécessité de penser à Soria, à l'Europe et au monde " Carlos Martínez, maire de Soria
Penser l'Europe dans une perspective de cohésion : défis et opportunités de l'urbanisation
La cohésion territoriale a été l'un des thèmes centraux des débats « Think Europe ». Les panélistes ont débattu à cette occasion du rôle des villes intermédiaires dans la lutte contre le phénomène de dépeuplement des territoires, ainsi que de leurs besoins et perspectives d'avenir. En particulier, il est apparu clairement la nécessité d'un financement et d'investissements adéquats dans des infrastructures capables de générer des avantages compétitifs dans les villes intermédiaires.
Ce n'est que si les villes intermédiaires ont accès à un financement suffisant et à des investissements adéquats - en particulier dans les infrastructures - qu'elles seront en mesure de relever les défis de l'urbanisation et de repeupler les territoires qui se vident actuellement, y compris - en Europe - les capitales provinciales. Les villes intermédiaires détiennent la clé pour sortir de la déconnexion entre le monde urbain et le monde rural, mais seulement si elles sont bien équipées, et des mesures doivent être prises pour que ces villes puissent remplir plus facilement cette fonction.
« Nous sommes ici pour donner une dimension opérationnelle aux agendas mondiaux, pour évaluer comment le faire ensemble. Ce qui se fait en Europe a un impact sur le reste du monde et c'est pourquoi nous considérons la cohésion comme un axe central pour l'Europe et les villes intermédiaires ». Mohamed Sefiani, Maire de Chefchaouen
« Nous devons réfléchir à la réhabilitation des territoires pour que le développement économique soit plus équitable, plus démocratique. Les villes intermédiaires en sont la clé, elles sont les villes de demain et elles sont la clé du maintien de la cohésion territoriale ». Abdelahad Fassi Fihri, Ministre du Plan, de l'Urbanisme et du Logement du Maroc
Les participants au Forum ont évoqué l'opportunité offerte par les objectifs de développement durable (ODD) d'agir comme un levier de cohésion, d’organiser la cohésion sociale et territoriale à travers des objectifs communs, avec un agenda - l’Agenda 2030 du Développement - partagé par tous les acteurs. Toutefois, ces objectifs ne pourront être atteints qu'en tenant compte de toutes les sphères du gouvernement, sans laisser aucun territoire pour compte.
L'agenda des villes intermédiaires est l'agenda de CGLU
Le sommet « Think Europe » a permi d'aborder l'avenir des villes intermédiaires en Europe et en Afrique du Nord lors d'une réunion bilatérale à laquelle ont participé la ministre espagnole, Meritxell Batet et le ministre marocain, Abdelahad Fassi Fihri, une rencontre historique entre les représentants des gouvernements invités par des collectivités locales. Cette réunion a porté sur l'élaboration d'un programme et d'une stratégie commune des villes intermédiaires pour tirer parti de leur potentiel de transformation et de cohésion du territoire.
[Lire : A Soria, les gouvernements espagnol et marocain se réunissent à l'initiative des maires pour aborder l'avenir des villes intermédiaires]
Outre la session bilatérale, la session de travail du Forum des villes intermédiaires a débattu des étapes à suivre pour la stratégie des villes intermédiaires en vue du Congrès de CGLU qui aura lieu à Durban en novembre 2019.
Ces propositions comprennent un plan de sensibilisation pour les villes intermédiaires, avec un travail préalable sur le changement de la perspective narrative autour des villes intermédiaires pour les placer au centre des décisions politiques globales. Les villes de Urla, Terrassa, Chefchaouen, Cuenca et Soria (plus une à confirmer) seront les villes fer de lance sur les sept lignes d'action du Forum - Migration, Eco-croissance, Dialogue entre citoyenneté et gouvernements locaux, Justice sociale territoriale, Culture, changement climatique et patrimoine, et le territoire comme système éco-responsable. Cette session a été essentielle pour finaliser la Déclaration de Soria sur les villes intermédiaires, qui sera rendue publique dans les conclusions de la réunion.
« L'Europe se fonde sur un réseau de villes intermédiaires, avec un lien continu entre l'urbain et le rural. Ce réseau est fondamental pour nous car nous n'attendons pas de nouvelles villes mondiales sur un continent en déclin démographique », a déclaré Fréderic Vallier, Secrétaire Général du CCRE-CEMR.
La cohésion territoriale, essentielle pour l'avenir de l'Europe
« Think Europe » a également permis d'aborder l'importance que l'Union européenne attache à la question territoriale, et comment les territoires peuvent être développés à travers les politiques européennes de gestion. La nécessité d'une véritable gouvernance à plusieurs niveaux et de fonder la croissance sur l'Agenda 2030 a été soulignée par les panélistes comme une nécessité.
La Communauté de pratique de CGLU sur la Transparence et le gouvernement ouvert a abordé, lors d'un panel de gouvernements locaux qui ont partagé leurs bonnes pratiques, le rôle du gouvernement ouvert et de la transparence comme garant de la démocratie et comme lien entre gouvernements et citoyens. Tout au long de la session, les liens entre l'agenda 2030 et les valeurs d'un gouvernement ouvert ont été débattus afin d'atténuer la désaffection entre la citoyenneté et la politique, ainsi que les éléments qu'un gouvernement doit réellement remplir pour être considéré comme « ouvert », et le rôle que peut jouer un gouvernement ouvert comme rempart contre les tendances re-centralisatrices qui se produisent dans certains gouvernements européens.
« Lorsque nous construisons notre discours politique, nous devons le baser sur l'ODS. Nous devons pouvoir construire une stratégie territoriale entre plusieurs acteurs. Nous devrions nous habituer à travailler dans un environnement métropolitain. » Juan Espadas, Maire de Séville
Le maire de Soria, Carlos Martínez, le ministre de l'Industrie et du Commerce, Reyes Maroto, et la secrétaire générale de CGLU, Emilia Saiz, ont clôturé l'événement en présentant l'engagement de Soria et en soulignant comment les villes qui y ont participé, quelle que soit leur taille, ont des objectifs communs.
L'Engagement de Soria est la feuille de route pour les villes intermédiaires, et ses clés sont la mise en réseau et la collaboration entre les villes - en particulier entre les villes intermédiaires - pour placer les citoyens au centre de l'action politique et s'assurer qu'aucune personne et aucun territoire ne soit laissé pour compte.
« Nous avons convenu de la nécessité de tisser un réseau d'alliances pour atteindre les objectifs de nos citoyens. Nous devons concentrer l'action politique sur les politiques publiques qui génèrent le bien-être. » Carlos Martínez, maire de Soria.
« Nous ne sommes pas ici parce que nous voulons mettre toutes les villes sur la carte, mais parce que nous sommes convaincus que, pour transformer le modèle social, nous devons y penser à partir de villes comme celle-ci, avec l'aide des grandes villes. Cette solidarité est très importante. C'est pourquoi nous avons écrit un engagement ensemble. » Emilia Saiz, Secrétaire Générale de CGLU.
« Notre objectif est d'améliorer la qualité de vie des gens et, pour cela, nous devons nous concentrer sur le local. Ce que nous faisons pour lutter contre le défi démographique est important et, pour le relever, nous devons présenter des politiques transversales qui garantissent que les territoires soient inscrits à l'agenda public. » Reyes Maroto, ministre espagnol de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme.